Ça ne tourne pas rond
Sauf à continuer à s’enfermer dans un autisme footballistique catastrophique qui n’a que trop duré, il est très difficile après ce qui s’est passé de ne pas tirer les conclusions qui s’imposent.
La Fédération royale marocaine de football (FRMF) n’a pas de chance. L’élimination du Onze national dès le premier tour de la Coupe d’Afrique 2006 après une prestation très médiocre complique ses affaires et signe normalement sa faillite.
Ne pas marquer de but à l’issue de trois matches, avoir du mal à battre la Libye dans une rencontre de la dernière chance est franchement nul. Seule exception, le gardien Tarek Jermouni qui, avec sa petite barbe et ses sorties parfois "suicidaires", selon l’expression du commentateur sportif de la TVM, a vraiment explosé en repoussant le danger à plusieurs reprises. Quant au jeu incertain de ses coéquipiers, il n’a réussi à montrer qu’une seule chose : il n’y avait pas d’équipe.
Même le supporter lambda, qui a gardé jusqu’au bout l’espoir d’une qualification au second tour, fait assumer, entre résignation et colère rentrée, la déroute des Lions de l’Atlas aux dirigeants de la Fédération. Une manière à la fois d’exprimer sa révolte tout en anticipant sur leur réaction habituelle dans ce genre de bérézina : désigner le bouc-émissaire en la personne de l’entraîneur pour éviter de rendre des comptes.
Sauf à continuer à s’enfermer dans un autisme footballistique catastrophique qui n’a que trop duré, il est très difficile après ce qui s’est passé de ne pas tirer les conclusions qui s’imposent. À savoir que les pontes de la FRMF sont trop disqualifiés pour rester encore en place. Démissionnez, messieurs ! On ne joue plus ! Les Marocains en ont assez de se voir à chaque fois frustrés, démoralisés. L’absence de la Coupe du monde et l’élimination prématurée de la CAN. C’est trop.
Deux gros ratages qui trouvent leurs raisons profondes dans les mauvais choix de la fédération. L’affaire Troussier a de toute évidence déstabilisé l’équipe nationale alors qu’il aurait été plus judicieux de laisser Badou Zaki continuer sa mission au moins jusqu’à la compétition africaine. Au lieu de cela, on a été chercher un sélectionneur étranger qui revient très cher avant de s’en débarrasser en catastrophe pour le remplacer au pied levé par un cadre marocain qui s’est retrouvé du coup dans la purée pour lui avoir refilé la patate chaude. Bel exemple de professionnalisme et de responsabilité.
En fait, il est grand temps qu’un grand vent de changement souffle un peu sur les rouages érodés des structures du ballon rond marocain. L’objectif étant l’émergence d’une nouvelle fédération avec de nouveaux cadres compétents capables de performances, recrutés sur la base d’un cahier des charges précis. Le sport est d’abord affaire de spécialistes. La crise, flagrante, est générale. Il faut réinventer le foot national et ressusciter sa gloire d’antan. Finis le paternalisme et la gestion de papa.
Aujoud'hui le Maroc (30-01-2006)